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Le 15 octobre, comme tous les matins, à 7 heures précises, Pierre a ouvert les yeux.A côté de lui, Claire, sa femme, dort encore. Il a fait les gestes de tous les matins: il s'est levé, il a ouvert les rideaux, il a regardé par la fenêtre et il a préparé le café, puis il s'est dirigé vers la salle de bains. Sa toilette achevée, il a jeté un dernier coup d'oeil au miroir qui lui a renvoyé l'image de Pierre Roulin, caissier à la banque de Paris, 46 ans, marié, père de deux enfants. Tout à coup, il s'est approché du miroir. Là, à gauche, au-dessus du front, des cheveux blancs. Pierre ne bougeait plus. Vieux, il était vieux."Tu n'écoutes pas les nouvelles ?"Claire est là, debout derrière lui et le regarde."Non."- Tu n'as pas réveillé les enfants ?- Si."Pierre avale une troisième tasse de café et écoute distraitement. Comme tous les matins, au petit déjeuner, c'est la même conversation:"Finis ta tartine.- J'ai pas faim.- Prends tes vitamines. Récite-moi encore une fois ta poésie."Et la radio... Les élections, le boeing détourné, l'augmentation du prix de l'essence, le chômage. Et sur sa tête, là, les cheveux blancs."Au revoir, à ce soir."Il pleut, Paris est gris, humide, sale. Pierre, de loin, a reconnu Moreau à l'arrêt de l'autobus. Moreau travaille dans la même banque que lui. Parfois, ils prennent l'autobus ensemble. Moreau ne l'a pas vu. La journée a commencé, pareille à celle d'hier, pareille à celle de demain, avec les nouvelles, Moreau, bientôt la banque, le guichet n° 10 et ainsi jusqu'à sa retraite.A la banque, le guichet n° 10, fermé, attirait tous les regards."Vous avez vu? Roulin n'est pas là.- C'est la première fois qu'il est en retard.- S'il n'est pas là, c'est qu'il est malade.- Sa femme n'a pas téléphoné?- Je ne sais pas."A 10 heures, les collègues de Pierre Roulin ont compris qu'il se passait quelque chose d'anormal. C'est à 10 h 15 que Ballard qui occupe le guichet n° 9 a décidé d'informer le chef de service. Rêveusement, Monsieur Doucet, chef de service, regarde sa secrétaire téléphoner. Roulin... un homme précieux, qui n'hésitait jamais à rester le soir, toujours à l'heure, travailleur. Monsieur Doucet pensait qu'il ne savait rien de cet employé modèle. La secrétaire le regardait."Alors?- Mme Roulin ne comprend pas, son mari est parti à 7h 45 comme tous les matins.- Il ne lui a rien dit?- Non.- Elle n'a rien remarqué de spécial?- Elle ne m'en a pas parlé.- Il a peut-être eu un accident, tout simplement. A 11 heures, appelez la police et tenez-moi au courant."A midi, les derniers clients quittaient la banque. Le guichet n° 10 était toujours fermé. Roulin n'était pas arrivé. L'idée de faire le trajet avec Moreau était insupportable à Pierre. Le bus arrivait. Sans réfléchir, Pierre est entré dans le petit café qui fait le coin. Assis au bar, il regardait passer le bus qui emmenait Moreau. Peu de temps après, il a vu sortir sa fille, elle se dirigeait en courant vers le métro. Voilà, il allait prendre le métro, il serait un peu en retard, mais cela le changerait de ce trajet en bus qu'il faisait depuis dix ans.C'est en traversant la rue du Banquier qu'il s'est décidé à prendre sa voiture. Il pleuvait de plus en plus et Pierre avait oublié son imperméable. 8 h 20... Bah! il arriverait à 9 h 30. Pour une fois..Au premier feu rouge, devant lui, arrêtée, une voiture immatriculée 13. Le 13... c'est Marseille. Marseille... Pierre ferme les yeux, il se souvient de cette petite plage à une vingtaine de kilomètres de Marseille. Elle s'appelait comment, cette plage? Le Paradou? Le Pistou? Marseille... Est-ce qu'il pleut, à Marseille? Est-ce qu'on se baigne le 15 octobre, à Marseille? Devant lui, la Renault immatriculée 13 a pris l'avenue du Général Leclerc. Il la suit. Porte d'Orléans. Autoroute du Soleil. Au bout de l'autoroute, Marseille. Bientôt la pluie s'est arrêtée. A midi, après avoir roulé sans interruption, Pierre décide de quitter l'autoroute et de chercher un restaurant.Il fait beau.C'est en fin de journée qu'il a retrouvé la plage. Les villas sont fermées. Les bistrots sont déserts. Quelques retraités se promènent. La plage est là, déserte, à lui seul. Avec les touristes, les enfants, les chiens, les parasols, les ballons ont disparu. La mer... Il ne l'a jamais vue ainsi, verte, sombre.Pierre s'est allongé sur le sable humide. Il n'a pas entendu le vieux monsieur arriver. Il marche lentement. Pierre le regarde marcher, ils se sont salués, c'est tout, sans se parler davantage, sans parler du temps qu'il fait, du boeing détourné, des élections...Pierre s'est levé, il s'est avancé vers la mer.A quel âge est-on vieux? Est-il vieux? Combien de temps est-il resté là, immobile, à regarder la mer? J'ai 46 ans, qu'est-ce que j'ai fait de ma vie?Là-bas à Paris, la journée s'achève. Pressés dans le métro, dans les autobus, bloqués aux feux rouges, serrés dans les ascenseurs, les Parisiens rentrent chez eux sous la pluie.Quelques-uns diront ce soir:«Je t'ai parlé de Pierre Roulin, mon collègue? Il a disparu! C'est incroyable, un homme comme lui.»
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